La planche à voile Olympique : LA RSX, partie 1

La planche à voile Olympique : LA RSX, partie 1

Depuis 2005, la RSX est venue remplacée la Mistral. La nouvelle planche est plus large, un aileron de 60 cm, toujours une dérive et un rail de pied de mat pour les petits airs et un gréement plus grand, plus puissant (8,5 m2 contre 7,4 pour la mistral) … Je me souviens encore de l’annonce du changement !!! On était dans le bureau du coach au pole France et on était trop dégoutés! On râlait, on pleurait presque, c’était catastrophique, c’est sûr qu’on n’allait plus être au gabarit, qu’il faudrait être plus grande, plus lourde pour maitriser cette grande voile! On avait vraiment l’impression que cette décision allait mettre un coup d’arrêt à notre parcours sportif !

Et pourtant … si j’avais su … Si j avais su, que ça allait être LE moment qui allait me permettre de passer un cap dans la hiérarchie mondiale… Et oui nouvelle planche, nouvelles techniques, période d’adaptation pour toutes, et même des meilleures comme les Françaises Faustine Merret (championne olympique en mistral), Lise Vidal, ou les légendes Barbara Kendall, Alessandra Senssini …

Faisant partie du groupe « ESPOIR » je suis invitée au premier stage de RSX avec l’Equipe de France ! Et cette nouvelle planche navigue au planing à toute les allures autour de 15 noeuds (à l’époque) … Et  j’étais plutôt à l’aise avec ça … Merci à mes entraineurs de jeunesse, Maxime Frouin et Cedric Leroy (mon coach actuel) qui m’ont emmenée partout avec eux pour faire du funboard, du surf, du ski … ce qui m’a permis de développer une certaine glisse !

Les premiers stages, on découvrait tout : on ne savait pas où mettre le pied de mat quand ça planait, comment régler la voile, où placer les straps… On a refait tous les nez de planches à force de faire des catapultes sur l’avant !

Comme j’ai une bonne vitesse, je continue à être invitée avec l’équipe de France… je m’éclate…puis vient le premier championnat du monde en Italie en 2006… Le championnat qui va me faire rentrer en Equipe de France en terminant 8ème, synonyme de performance minimale pour entrer dans la team ! Je n’en sortirais plus en réussissant chaque année à rester dans cette Elite !

Charline Picon

Aujourd’hui on est sur la 4ème olympiade, le niveau et la densité sont à leur maximum. Le physique a augmenté par une navigation avec des réglages de plus en plus puissants, des techniques de pomping en évolution… On a beaucoup progressé sur la connaissance du matériel et son adaptation, notamment depuis la dernière olympiade.

On est capable de partir au planing de plus en plus tôt… et de naviguer avec notre voile de 8.5 jusqu’à 30 noeuds !

Maintenant que je vous ai parlé du matériel et de l’esprit général de l’arrivée de la RSX, vous allez me demander comment se passent les compétitions ?

Pour ceux qui ne connaissent pas, il ne s’agit pas de funboard, on ne fait pas de figures, pas de course de vitesse, mais il s’agit bien de régates olympiques : on tourne autour de bouées pour faire simple… en passant par toutes les allures. Il y a une ligne de départ fictive entre 2 bateaux, tous les concurrents partent en même temps (le bateau comité juge si personne ne grille le départ sous peine d’être disqualifié … puis on va vers la bouée 1 et on enchaine en fonction du parcours annoncé (en général, un trapèze, et dans tous les cas, il y a remontée au vent et vent arrière) … On a le droit et même l’obligation de pomper, le moment le plus impressionnant restant le départ car c’est entre 30 à 60 voiles qui claquent en même temps! De l’intérieur , on ne se rend pas compte, mais ça produit un bon effet sonore !! Tout en gérant son effort physique, il faut observer en permanence le vent, alors peut être pas qu’observer d’ailleurs, ressentir surtout !!! Puis prendre des décisions tactiques en fonction du ressenti, mais aussi des choix et trajectoires des adversaires, d’un effet de site, d’un nuage, d’une zone de courant… En même temps, il faut être réactif sur les réglages, la technique, la vitesse …

Le premier qui passe la ligne marque 1 point, le 2ème 2 points …. si le départ est grillé nombre de point maximal … Si les conditions de vent le permettent, on enchaine 3 manches par jour sur 4 jours soit 12 courses d’environ 20/30 minutes chacune … Les fréquences cardiaques sont autour de 170/185 de moyenne !!!!

Généralement, on a le droit à une erreur dans la compétition avec une manche qui saute comme on dit, on retire le moins bon score de notre total de points.

Cela donne un classement général et les 10 premières se retrouvent en Medal race le 5 ème jour . Plusieurs cas possibles, la première a de l’avance sur la 2 ème et doit alors gérer seulement une ou 2 adversaires car on ne remet pas les points à 0. Soit c’est très serré et c’est comme si on remettait les compteurs à zéro et c’est vraiment cette course qui va déterminer les médailles ! C’était le cas à Rio pour la finale olympique : 7 filles pour 3 médailles!

C’est une manche qui compte double : la première marque 2 points, la dixième marque 20 points … la meilleure option étant d’avoir 19 points d’avance avant la modal race … ça arrive parfois mais de moins en moins…

Et depuis 2017, lorsqu’il y assez de vent, les départs se font au travers, au planing avec plus de vitesse … et parfois des crashs, la suite dans mon seconde article 😉